mardi 23 juillet 2013

La mort rode

Suspense...suspense...

Extrait :

"...A ses souvenirs, l’angoisse esquissa un prélude à ses assauts. Cloîtrée pour la nuit… L’oppression était forte, elle redevenait l’unique réalité. Le monde disparaissait. Jessica n’était plus qu’une masse de chairs. Un cercueil avec son corps dedans. à peine si son âme volait au-dessus. ....
...
...Jessica tenta de remuer dans son lit. Juste un mouvement, pour activer sa cervelle figée contre son crâne. Non…La main alors, un doigt … Son corps n’obéissait plus. La paix qui la berçait quelques secondes auparavant se fissurait. Il y avait un truc qui ne collait pas… Où était-elle ?
Et pourquoi ne pouvait-elle pas se souvenir du visage du dealer ? Peut-être n’y en avait-il pas ? Si, il y avait quelqu’un. Une main, un cachet rose. A prendre impérativement le soir, avec le somnifère. Qui parle ? Des yeux derrière une porte. Close. Et puis des grilles. Et le silence, le soir. Prison…Elle était en prison ! Pas d’overdose alors... Tant mieux, elle croyait qu’elle allait crever là. Mais non. Elle était en prison, dormait dans " son " lit. Jessica était détendue grâce au cachet. Dans ce cas, pourquoi sa main ne bougeait t-elle pas ? Pourquoi son corps refusait-t-il d’obéir au besoin impérieux de savoir si elle était vivante ? L’inquiétude à nouveau s’insinuait. Côtoyait le calme qui la rendait sereine malgré la certitude. Parce qu’elle savait…Mais pourquoi ? Par quel tortueux chemin du destin elle avait survécu à l’enfer de la drogue, pour venir mourir dans cette prison.
Dans le couloir, le bruit des pas de la surveillante résonnaient. Jessica tenta de rallier le peu de force qui lui restait. Elle devait appeler…Mais aucun son ne montait de sa gorge. Elle essayait pourtant, encore et encore. Puis résignée, bercée par la plénitude qui l’envahissait, Jessica cessa de lutter contre la mort.
 
La peur dans l'ombre
Corinne Héron-Mimouni
Edition numérique
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

samedi 13 juillet 2013

Monaco, son rocher, ses princesses et puis et puis...des souvenirs...



"...J’ai les yeux qui me brûlent. C’est vrai que je n’ai pas beaucoup dormi. J’ai passé plus de temps à scruté les murs. Clairs, un peu jaune. Mais pas jaune d’usure comme en France. Aucune trace de graffiti ou de pelade. Propre, je dois le reconnaître. J’ai pu sans craindre de toucher la saleté me tourner et me retourner dans le lit que je me suis résigné à couvrir de draps blanc lorsque j’ai été harassé de fatigue et de découragement. Dans la nuit, lorsque je suis descendu du lit, après avoir reçu une giclée de lumière dans les yeux, j’ai eu un réflexe de méfiance. J’ai posé le pied sur le sol vert laitue en plastique après avoir inspecté le terrain. Mais non, la nuit, la cellule ne grouille pas de cafards. A bien y réfléchir, les rats non plus ne semblent pas cohabiter avec les humains.... "

Prisonnier du rocher
Luigi Ciardelli, Corinne Héron-Mimouni
Editions Jacob-Duvernet

Monaco de l'intérieur

..."Dans un coin, il y a les wc turcs avec un robinet au dessus qui fait office de chasse d’eau et de distributeur d’eau. Dans ces quatre murs, il n’y a que moi. A poil.

Je n’avais pas de quoi écrire, pas de quoi lire. Lorsque je voulais fumer, je devais appeler un surveillant pour qu’il m’allume une cigarette parce que je ne pouvais pas garder de briquet avec moi. Je me tournais les doigts toute la journée.

Dans le mitard de la prison de Monaco, les habits se gagnent. Si j’étais " gentil ", plus tard, ils me donneraient le slip. Une couverture peut-être. A la fin, je sortirai du cachot avec le jogging…"
 
Prisonnier du rocher
Luigi Ciardelli, Corinne Héron-Mimouni
Editions Jacob-Duvernet

jeudi 4 juillet 2013

Le jour où j'ai visité la prison de Monaco

Certains vont à Monaco pour jouer aux riches, ou selon être riche...D'autres s'éloignent de la place du casino et du charme tout en ambiance d'antan pour aller vers un monument tout autant historique.
Ainsi, un beau matin de printemps je quitte Nice par le petit train qui serpente entre mer et collines. Avec des passages sous de nombreux tunnels qui ont un air d'Italie, déjà. Moins de quatre euros pour un voyage d'une petite demi-heure qui sent les pins et les sels marins, c'est déjà un plaisir en soi.
Ce plaisir de se laisser conduire presque dans l'arrière pays niçois n'est pas dû à des vacances. Je suis en "déplacement professionnel"...
Effectivement, il y a quelques mois, j'avais écrit au directeur des services judiciaires, la plume joyeuse . Monsieur le directeur des services judiciaires, auriez-vous l'amabilité de m'autoriser à visiter votre prison ? En d'autres termes, l'affaire n'était pas gagné ! On entre pas sans montrer patte blanche dans la forteresse.  Pourtant quelques semaines plus tard, dans un délai tout à fait respectable, je reçois le sésame que j'espérais dans une belle enveloppe teintée d'une touche de bistre. A l'intérieur,  une lettre d'accord.
 Voilà....j'étais autorisée à pénétrer dans la prison de Monaco....
C'est ainsi que je regarde par la fenêtre le bleu de la mer lorsqu'elle apparait par magie au détour d'un village. De nombreux arrêts dans de charmantes gares laissent monter des travailleurs en costume, en robe légère ou en chaussures d'ouvrier, à bouts renforcés. Tout ce petit monde a un petit air parisien. Le nez dans le journal et l'air blasé de fatigue.
Mon premier pas Monégasque est pour la gare. Toute proprette. Carrelée de part et d'autres. On me l'avait dit, Monaco est une ville d'ascenseurs. 28 cages qui vous emmènent d'une rue à l'autre.  A la plage ou au forum Grimaldi.   Alors mes yeux partent à la recherche du pictogramme qui me guidera vers les hauteurs. C'est un peu dans le brouillard de mes pensées que je marche dans les couloirs de la gare jusqu'à ce qu'effectivement j'entre dans l'un des ascenseurs de la principauté.
Le temps est passé et si je me souviens de la rue qui mène à la prison, j'ai oublié par quelle itinéraire je suis passée. Des images se mêlent les unes aux autres. Le port et ses somptueux bateaux. Des bougainvilliers, des palmiers et des terrasses en cascades roses.  Jusqu'à ce que mes pas m'approchent de la rue saint Martin, adresse de la maison d'arrêt de Monaco. Toujours des bougainvilliers et des jardinières de fleurs sous le ciel bleu du sud. L'odeur des pins, les lignes des feuillages qui se découpent contre le bleu de la mer.
Dans la rue saint Martin, j'ai dû chercher la prison. Existe-t-elle ? Pas de panneau qui indique comme en France la direction de l'établissement pénitentiaire...Invisible ou cachée...J'ai marché encore un moment dans cette rue si agréable. Un air de vacances pour moi qui ne l'est pas.
Finalement, je suis arrivé à trouver le portail. Un portail comme tant d'autres, avec peut-être un peu moins de visibilité. J'ai sonné, donné mon nom et j'ai entendu le petit clic identique à celui de toutes les prisons. Ensuite, ma mémoire me joue encore des tours et je me souviens avec difficulté de la porte d'entrée. Il y a comme un blanc dans mon histoire jusqu'à ce que je sois accueillie avec cordialité par l'adjoint du directeur. Que je ne sois pas un ponte de la justice ou que je ne sois pas un membre de la haute n'a pas empêché le jeune adjoint de me recevoir avec sérieux et amabilité. Un homme agréable qui a pris la suite de l'ancien adjoint devenu directeur après l'évasion de Luigi Ciardelli et de Ted Maher.
Le visite de la maison d'arrêt de Monaco a débuté derrière la porte de détention. Collée au poste de contrôle, elle mène vers un long couloir carrelé. Pour qui connaît le monde de la prison, une évidence au premier pas. La forteresse/prison de Monaco est d'une propreté sans tâche. Encore du carrelage, beaucoup de carrelage ici. Des portes de cellules à gauche, grises avec des guichets insérés. Puis encore des portes lourdes et blanches. Des portes de cellules et des grilles qui s'ouvrent avec un badge et se ferment dans un petit bruit. Du silence.
La bibliothèque, point central de l'histoire de Luigi Ciardelli, Prisonnier du rocher éditons jacob-duvernet,  avec ses étagères où courent les livres. Une salle de musculation et cet étrange gymnase, ancien silo à grain, ancienne réserve d'eau d'un temps ou Monaco vivait resserré autour de sa forteresse. Puis encore des couloirs, souvent très étroits, à vous déclencher une crise de claustrophobie parce qu'il n'y a pas de lumière naturelle à se croire dans la terre. Et des couloirs, encore, dans un sens puis dans l'autre, qui parfois m'entraînent dans un escalier en colimaçon qui tourne et tourne encore. Escalier qui me jette dans un autre couloir, celui qui revient à la vie puisque je suis à la cuisine près de la porte d'entrée. Le cuisto parle salade du marché, viande du boucher et dessert de marque. Il me montre le repas de midi. Salade verte, œuf mimosa en entrée. Une viande et peut-être des haricots verts ... Ici pas de ratatouille en boite ou autres recettes qui partiront droit à la poubelle. J'imagine la place et les parasols. Les légumes et les fruits sur les étals. Le cuisto avec son panier. Mais tout cela n'est que mon imagination. Même si l'établissement n'occupe pas ses 80 places, il y a tout de même du monde à nourrir. Bien trop pour un panier !
La visite se termine. La porte de détention est juste là...au revoir madame. Le portail qui fait son petit clic, clic et je retrouve la rue saint Martin les bougainvilliers et les pins qui dessinent dans le bleu du ciel un tableau de clair obscur.